Le World Economic Forum a classé en 2020 la capacité à résoudre des problèmes complexes comme la deuxième soft skill la plus essentielle aux entreprises.
Mais qu’est-ce que la résolution de problèmes complexes ? Pourquoi est-ce si important ? Et quel lien avec la curiosité ?
Parlons d’abord de la résolution de problèmes.
Rares sont les métiers dans lesquels on recrute uniquement une personne sur ses capacités physiques sans rien attendre en terme de réflexion. On recrute donc d’abord et avant tout des cerveaux. On attend en effet des salariés qu’ils réfléchissent, qu’ils soient force de proposition et qu’ils soient capables de résoudre au quotidien et de façon autonome les problématiques auxquelles ils font face. Ce n’est pas forcément toujours de gros problèmes, mais des écarts entre l’objectif visé et le résultat obtenu (ou qui pourrait l’être si on ne change rien).
Quel que soit le niveau de difficulté d’un problème, sa résolution passe par 2 dimensions :
- La réflexion : analyser les causes, les conséquences et les options possibles
- La décision : trancher parmi les options et agir en fonction de cette décision
Jusque-là, ça parait assez simple. Mais voilà que justement il n’y a pas toujours que des problèmes simples à régler. Il y a même de plus en plus des problèmes complexes, et ce, à tous les niveaux dans l’entreprise.
Depuis la digitalisation de nos vies et nos métiers, le monde s’est en effet encore accéléré. Les échanges sont partout, tout le temps et dans tous les sens. Nous ne sommes ainsi plus dans une dimension simple où les choses peuvent facilement être appréhendées de façon séquencée et linéaire. Nous sommes dans un monde complexe, un monde où de nombreuses choses sont tellement imbriquées et interdépendantes qu’il est plus difficile voire impossible d’en faire une analyse complète et d’imaginer tous les tenants et les aboutissants. C’est l’effet papillon appliqué à toutes les sphères de la vie, et particulièrement dans le monde professionnel.
Résultat, c’est un peu effrayant. Chaque décision peut avoir des impacts insoupçonnés… Et pourtant aujourd’hui, ces problèmes complexes ne sont pas réservés aux sphères dirigeantes et ne peuvent décemment pas être occultés car la non résolution serait sans doute bien pire….
Edgar Morin a beaucoup travaillé sur le sujet de la complexité. Il explique que nous sommes peu préparés à y faire face. Même encore aujourd’hui alors que cela fait désormais quelques années que nous y sommes confrontés, nous continuons de privilégier des approches comme celles que nous avons expérimentées à l’école : matière par matière. Nous cloisonnons et séquençons les choses, alors même qu’elles sont interdépendantes. En entreprise, on reste encore beaucoup sur des découpages services par services ; en médecine, on privilégie des approches de spécialistes sur la partie du corps en souffrance. Ces logiques ne sont pas mauvaises mais elles occultent les interdépendances et les conséquences qu’une décision prise dans un service ou une partie du corps, peut avoir sur le reste.
A l’inverse, les pensées systémiques et holistiques cherchent justement à aborder les choses dans leur ensemble et semblent donc plus appropriées dans notre monde complexe, mais on voit bien que ces pensées ont encore beaucoup de mal à prendre.
Bref, cette dimension de la complexité, nous ne l’aimons pas car elle rend les choses plus difficiles à appréhender, ce qui nous plonge encore davantage dans l’incertitude. Malheureusement par protection, nous mettons alors toutes nos forces dans la direction opposée : la simplification. Sauf que si on peut simplifier quelque chose de compliqué, on ne peut pas le faire avec quelque chose de complexe.
Ci-dessous à gauche une représentation de quelque chose de linéaire, et à droite, de quelque chose de complexe.
Il est vain d’essayer de simplifier l’image de droite. Même si cela serait plus facile à appréhender pour nous. Et si on s’y risque, parce qu’on veut aboutir à une image plus simple comme celle de gauche, on obtiendra une vision simpliste et donc limitée et erronée. Ce serait alors très risqué de prendre une décision sur cette base.
On comprend donc bien pourquoi cette soft skill est essentielle : d’une part parce que les problèmes complexes à résoudre font partie de notre quotidien. Mais aussi et surtout parce que ce n’est pas si évident que cela de voir, d’accepter et de fonctionner avec la complexité.
On voit donc bien à quel point résoudre des problèmes complexes est périlleux mais aujourd’hui indispensable. Car résoudre des problèmes, trouver des solutions, c’est notre quotidien à tous.
Et c’est là que la curiosité apparait comme essentielle :
- Plus je suis curieux, plus je suis ouvert au monde et donc mieux j’appréhende toutes les interactions, interconnections et liens entre les choses, les gens…
- Plus je suis curieux, plus j’augmente ma capacité à savoir faire face à l’incertitude. En effet, j’ai bien compris que malgré ma grande soif d’apprendre, tout ce que je sais, c’est que je ne sais pas grand-chose. Et cela ne me crée pas ou plus d’anxiété, mais plutôt une motivation à toujours mieux comprendre les choses.
- Plus je suis curieux et plus je suis connecté à des gens et des milieux très différents. Cela m’enrichit et me permet d’avoir une vision du monde beaucoup plus large. Je sors des cloisonnements habituels.
- Plus je suis curieux et plus je suis nuancé car je vois bien qu’à chaque fois que je creuse un sujet, c’est plus complexe que ce que j’avais imaginé. De même d’ailleurs envers les personnes. Si je creuse, je découvre toujours d’autres facettes de la personne : son histoire, sa personnalité, ses forces, ses failles…
- Plus je suis curieux et plus je sais faire preuve de créativité dans les options proposées. Tout ce que j’ai pu voir, entendre sur ce sujet mais aussi sur des choses a priori très éloignées nourrissent mes réflexions. Je fais des liens, je transpose.
- Plus je suis curieux et plus je suis capable d’anticiper des problèmes, peut être même avant qu’ils ne deviennent encore plus complexes.
- Plus je suis curieux et plus je suis capable d’exercer un esprit critique. Esprit critique que j’utilise d’abord envers mes propres réflexions. Cela me permet de toujours chercher la meilleure option.
- Etc…
En fait, un curieux a un besoin de clôture cognitive assez faible. Et c’est justement cela qui lui permet d’appréhender la complexité et le changement permanent :
Le point cependant essentiel à rajouter à la curiosité, c’est la capacité à décider et actionner. C’est d’ailleurs exactement ce que Sylvain, consultant, nous racontait dans cet interview.
Comme le dit Edgard Morin, chaque décision est un pari. On pèse le pour ou le contre, les avantages et les inconvénients, les bénéfices et les risques. On ne peut jamais en faire totalement le tour dans un monde complexe. Mais la curiosité permet d’enlever ses œillères et faire un 360° pour avoir une vision la plus large possible et donc la plus proche de la réalité. Et donc forcément une résolution des problèmes plus pertinente que ne peut l’avoir des personnes moins curieuses, plus aveugles face à toutes les dimensions du problème.
Ainsi, contrairement à ce que certains pourraient craindre, l’appréhension de la complexité n’empêche pas de prendre des décisions. Elle permet de prendre la bonne décision. Et pour cela, la curiosité en amont est indispensable.
Concrètement, comment faire ?
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